La construction européenne entre élargissement, approfondissement et remises en question
A
Une Union européenne transformée
1
Maastricht, traité fondateur de l’Union européenne
Dans les années 1990, la construction européenne est relancée (Jacques Delors, Helmut Kohl) : élargissement à de nouveaux États + extension des compétences communautaires concédées aux institutions européennes (ex : l'Acte unique européen de 1986 fixe la libre circulation des personnes, des entreprises, des marchandises et des capitaux).
Le traité de Maastricht instaure plusieurs changements :
les communautés européennes (CEE, Euratom, etc.) fusionnent en une « union européenne » ;
développement des politiques communautaires (éducation, santé, judiciaire, etc.) ;
création d’une politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et d’un corps d’armée restreint (Eurocorps) ;
création de la citoyenneté européenne (puis libre circulation avec l’espace Schengen en 1995) ;
renforcement des pouvoirs du Parlement européen ;
projet de mise en place d'une monnaie commune = faciliter les échanges et symboliser l'unité européenne : euro adopté en janvier 1999.
Les limites de cet approfondissement :
débat entre fédéralistes (plus de pouvoir à l'UE) et souverainistes (déléguer moins de compétences) ;
changements non acceptés par certains : traité de Maastricht rejeté une fois au Danemark + refus de l'euro par 3 pays (Royaume-Uni, Suède, Danemark) ;
refus de certains pays d'abandonner leur souveraineté sur certains sujets ⇒ opt outs (ex : le Royaume-Uni n'entre pas dans l'espace Schengen).
2
Élargissement et intégration
L’UE vise une intégration continentale : effondrement du bloc de l'Est ⇒ nouvel élargissement pour agrandir son marché intérieur. Mais définition de critères minimaux d’adhésion (acquis communautaire, démocratie, économie de marché) ⇒ 15 membres en 1995 (dont l'Allemagne réunifiée).
2004 : grand élargissement à dix pays d’Europe de l’Est ⇒ accompagnement économique par la FEDER + réformes institutionnelles de l’UE pour assurer le fonctionnement à 28 (majorité qualifiée étendue à plus de domaines, car majorité difficile à atteindre)
+ poursuite de la dynamique avec l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie (2007), puis de la Croatie (2013) ⇒ UE à 28.
Les limites de cet élargissement :
les candidatures déposées par des pays plus éloignés sur le plan géographique ou culturel sont différées (ex : la Turquie)
débat : risque de dilution de l’UE en une simple zone de libre-échange + nécessité d'un nouvel élargissement pour atténuer la domination du couple franco-allemand (pilier historique de l'UE renforcé par le Brexit).
B
Forces et faiblesses de l’Union européenne
1
Les remises en cause des années 2000
Un projet européen remis en question : mondialisation + montée des nationalismes et séparatismes (Catalogne) ⇒ euroscepticisme : remise en question de l'esprit européen, critique de l’UE (surnom péjoratif : « Bruxelles ») :
critique des institutions : membres de la Commission européenne accusés d'être trop payés et corrompus + faiblesse du Parlement européen face aux lobbies ;
critique des politiques : PAC censée sécuriser les approvisionnements et garantir des revenus aux agriculteurs – mais coût élevé + pays hors-UE défavorisés (préférence communautaire).
Le rejet de la Constitution européenne : volonté d'unifier l’UE et fixer une identité européenne ⇒ les fédéralistes rédigent une Constitution pour renforcer le Parlement et le gouvernement européens et clarifier le partage des compétences (UE / gouvernements nationaux). Mais projet critiqué qui cristallise les doutes envers l'UE (trop fédérale, pas assez sociale) ⇒ rejeté en France et aux Pays-Bas, donc pas adopté.
Traité de Lisbonne accepté car on abandonne l'idée de Constitution ⇒ reprise de la majorité des changements prévus par le traité constitutionnel, mais sous forme d'amendements aux traités de 1957 et 1992 :
renforcement des institutions de l'UE : le Parlement peut influer sur le choix du président de la Commission, le Conseil est doté d'un président ;
charte des droits fondamentaux des citoyens de l'UE (déjà présente dans le projet de Constitution).
2
Une Union européenne fragilisée
Les avancées de l’intégration européenne aujourd’hui :
première puissance commerciale mondiale ;
développement d’accords commerciaux (ex : CETA avec le Canada) ;
certaines politiques communes sont des succès (ex : le programme Erasmus Plus lancé en 2014, profite en 2020 à 9 millions de personnes) ;
contribution au développement économique de certains États membres (ex : l'Irlande) ;
favorise la paix et la démocratie (ex : ICE) ⇒ reçoit le prix Nobel de la paix en 2012.
Des faiblesses européennes persistantes :
UE très affectée par la crise de 2008 ⇒ endettement de la zone euro (en particulier la Grèce) ⇒ politique d'austérité soutenue par Angela Merkel mais fortement critiquée pour ses conséquences sociales ;
peine à se rassembler pour lutter contre les nouvelles menaces : attaques terroristes dans plusieurs États européens, annexion de la Crimée par la Russie ;
aucune politique commune dévelopée face à la crise migratoire : chaque État choisit sa réaction, de l'accueil (Allemagne) à la fermeture des frontières (Serbie, Croatie).
2016 : choc du Brexit ⇒ recherche d'unnouvel équilibre pour l'UE ⇒ renforcement du couple franco-allemand (ex : traité de coopération d’Aix-la-Chapelle en 2019). Mais les négociations de l’accord de sortie révèlent les tensions politiques internes à l'UE + remet en question son avenir (risque de fragilisation).
Testez-vous !
1
Donnez les dates dʼentrée dans lʼUE de ces pays :
Croatie
Bulgarie
Suisse
Pologne
Espagne
2
Définissez les termes suivants :
Citoyenneté européenne
Parlement européen
Brexit
PAC
3
Quel important traité européen est signé en 2007 ?
4
Pourquoi lʼeuroscepticisme est‑il de plus en plus prononcé ?